C’est avec un grand plaisir et un honneur qu’Isabelle Coutaz m’a proposé de partager son récit sur Seinplement Romand(e)s qui sera partagé en plusieurs articles. Lorsqu’on tombe malade il est important de pouvoir mieux comprendre ce qui nous arrive et surtout, de savoir qu’on est pas seul(e), c’est donc grâce aux femmes qui partagent publiquement leur vécu qui est intime, difficile et long que nous pouvons apprendre et échanger, ce qui fait la force d’une communauté. Je tiens à remercier Isabelle du fond du cœur pour le cadeau qu’elle nous fait.
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Jeune maman d’une adorable petite fille de 2 ans, et bien que n’exerçant une activité professionnelle à taux réduit, je me suis souvent dit que les mamans avaient un agenda de ministre, et qu’elles mériteraient un salaire pour jongler entre la popotte, s’occuper des mioches, rendre le foyer habitable à défaut de nickel chrome et se rendre aux innombrables rendez-vous – bref, on aurait presque besoin d’une secrétaire-assistante-boniche !
Depuis l’annonce de mon cancer, j’aurais pu dédoubler les journées de mon agenda !!! Car, avant même d’avoir rencontré le chirurgien, il faut d’abord arpenter les corridors et salles d’attente d’un nombre incalculable de médecins et techniciens de toutes les spécialités !! Et à chaque fois, malgré un dossier médical apparemment fourni des toutes les pièces nécessaires, répéter inlassablement le comment de la découverte, l’arbre généalogique sur 7 générations environ, se dénuder encore, se faire triturer comme une vulgaire pâte à pizza et arborer la plus seyante des tenues : la chemise d’hôpital, ouverte à l’arrière, évidemment, au cas où toute votre anatomie n’avait pas été examinée sous toutes les coutures jusque là !
Malgré tout, j’en souris ! Pas d’amertume, tout ceci fait partie intégrante de la routine des cancéreux. Et j’ai toujours ressenti beaucoup de sympathie de la part du personnel soignant et des techniciens. Parfois même, j’ai cru apercevoir une commissure des lèvres remonter, signant que mon âge interpelle quelques fois, et rappelle à ces jeunes femmes que l’épée de Damoclès et sur la tête de nous toutes, et pas uniquement passé la cinquantaine, rappelle également à ces jeunes hommes que je pourrais être leur sœur, leur cousine, leur amoureuse.